Hanoï

Longtemps colonie française, le Vietnam a gardé de nombreux vestiges de cette présence occidentale. Les rives du Fleuve Rouge ont elles-mêmes conservé des traces disséminées entre des lacs par dizaines. Quant aux zones urbaines contiguës, elles assurent le contraste et symbolisent le pas initié par tout un pays vers une modernité aux accents asiatiques.

Ville vénérée de ses habitants, Hanoï fut reconstruite quasi intégralement en 1805. En charge des opérations, les architectes français d'alors eurent l'idée d'un concept dont les Hanoïens sont toujours aussi fiers. La ville, dans son intégralité, allait devenir une cité-jardin. Mis en valeur, les nombreux lacs environnants confèrent encore de nos jours un aspect unique à la "ville au-delà du fleuve" (ce que signifie Ha Nôi en vietnamien).

Avec le temps, chaque quartier a acquis ses spécificités. Alors que certains brillent par leur patrimoine historique, d'autres se revendiquent un artisanat de qualité. La gastronomie vietnamienne, qui ne nous est guère parvenue que par l'intermédiaire des livres de recettes, prend ici son sens et sa forme dans des assiettes bien garnies. Expatriés d'une fin de millénaire, de nombreux Français ont tenté l'aventure dans un pays où le respect d'autrui n'est ni un tabou, ni une corvée. Ils sont ces restaurateurs d'une rue, d'une avenue ou d'une boulevard, ceux qui vous servent de délicieux mets comme s'ils avaient toujours manié la gastronomie vietnamienne à la perfection. En point d'orgue, l'aigre-doux vaut bien un détour par les quartiers typiques où les taxi-motos sont rois.

Tout passe, tout lasse, mais certainement pas la beauté d'Hanoï. Avec son Temple de la littérature et ses nombreuses pagodes traditionnelles (dont la fameuse Chua Môt Côt, qui ne repose que sur un unique pilier), ses musées d'art, d'Histoire et d'ethnologie, la ville emblématique du Vietnam vous fait voyager dans le temps. Chaque rue a son aspect, son style si particulier qui, dans la variété, fait toute la splendeur de cette ancienne cité française. Érigé au début du 20è siècle sous l'ère coloniale, l'opéra est, avec les quelques lycées français, l'un de ces vestiges qui témoignent du passage de ces colons qui ont radicalement modifié la façon d'être et de vivre des Vietnamiens.

Hanoï, c'est aussi plusieurs anecdotes pour une histoire incomparable. Construit en 1902, le pont Long Biên, qui se dresse encore au-dessus du Fleuve Rouge, a résisté aux bombardements pour nous parvenir comme l'un des premiers ponts de cette envergure qui repose sur un système en porte-à-faux.

Aujourd'hui encore, trains, cycles et piétons traversent fièrement ce témoin centenaire de l'industrialisation du pays. Le président Ho Chi Minh lui-même doit se retourner fièrement dans sa tombe.

Aurait-on retrouvé le fond d'écran proposé en standard par le géant américain de l'informatique dans son système d'exploitation bien connu ? En tout cas, la ressemblance est frappante avec l'une des allées les plus colorées du monde, la rue Phan Dinh Phung. A l'écart des grand boulevards symboles de la modernité, Phan Dinh Phung se vêtit de mille couleurs, en toutes saisons.

C'est justement pour cela que le Vietnam est devenu une destination incontournable. Le pays incarne une joie de vivre à l'asiatique, loin de ce que l'on peut connaître dans le monde occidental.